Chapitre Premier: le Gibet,la Corde,et Ceux qui s'en servent

Vous vous installez, et versez tour à tour de cette soupe dans vos assiettes creuses. Le breuvage est une véritable bénédiction. Et si son gout n'est particulièrement savoureux, sa chaleur vous fait regagner quelques précieuses forces. Et pendant que vous mangez sans modération, l'aveugle et Atmos vous observent, silencieusement. Au bout d'un petit moment, votre hôte répond à Annia.

"Le livre était d'une importance capitale pour mes compagnons et moi. Certes, nous avions la possibilité de nous en emparer avant. Mais il nous fallait user de discrétion, et de méthode. En demandant à des personnes telles que vous de le dérober, nous avions la possibilité de ne pas éveiller les soupçons, et de faire porter le chapeau à des nouveaux venus, sans nous montrer. Lorsque le plan a tourné court, nous avons dû intervenir.
J'ai été surpris que vous soyez de la partie, Demoiselle. Et si j'ignore encore tout de votre employeur, je suis conscient qu'il a dû vous payer pour cela, ou vous tenir quelque promesse de richesse.
Mais cela nous est égal. J'attends vraisemblablement bien plus de vous que ceux qui vous ont engagée, et c'est très bien comme cela.
Je me flatte que mes ... attentes, aient été comblées, et que vous ayez vaillamment rempli votre part du marché. C'est la raison pour laquelle je ne souhaite pas que vous retourniez dans les rues de Borderen. Des personnes telles que vous sont des bénédictions, dans notre métier.

Mais permettez-moi d'en venir au fait ...
Mes compagnons et moi formons une milice non officielle, basée dans ce district. Nous rendons nos comptes à un Maitre, et travaillons pour le bien de la population humaine et le respect des lois nouvellement établies par le Roi d'Eren.
Notre envergure et notre pouvoir sont pour le moment assez modestes. Mais mes relations, mes contacts dans les différentes villes de la région, ainsi que les nouvelles troupes que nous pourrions accueillir, me donnent bon espoir quant à l'essor de notre fratrie et la réussite de nos actions les plus ambitieuses.

Et je vous propose aujourd'hui de nous rejoindre. De faire partie d'un corps d'élite. D'une Excellence, dans le taudis de ces rues. Si vous acceptez cette proposition, vous aurez un toit. Vous dormirez dans des draps propres. Vous mangerez à votre faim tous les jours. Vous aurez une solde au delà de toute attente. Vous n'accepterez que les missions dont les objectifs vous satisfont. Vous ne ferez le "sale boulot"de personne, et serez entièrement libres de vos choix de vie. Bien sûr, vos familles seraient mises à l'abri du besoin ... et du danger.

Je vous laisse jusqu'à la fin de ce repas pour décider de votre réponse. Mais j'espère sincèrement que vous accepterez. Car dans le cas contraire, il serait affligeant que nous ayons à statuer sur votre cas, et décider une nouvelle fois de votre sort."

j'écoute attentive le récit de l'aveugle, laisse un blanc volontaire pendant lequel je mange comme pour donner du poids à ce silence.

C'est beau ce que tu dis mes contes de gosses étaient pas mieux. Admettons que tu dises vrai, aller, mais pourquoi ce jeu de torture, pourquoi nous avoir laissé frôler la mort pour apprendre quasi ce que tu savais déjà ?

Exepté moi visiblement et ce pauvre type avec un vieux dans l'ombre qui m'observais...

Vous êtes plusieurs dans cette histoire ? Ce type avait l'air de savoir où j'arriverai si j'étais prise...Et tu me dis que ça t'emmerde pas plus que ça ?

Mon maitre est un légat qui a une importance capitale dans le clergé de la région. Il est écouté et dispos de plusieurs difficiles dont on chante les éloges à de nombreuses messes. Mais il a toujours préféré voir les humains comme un peuple qui a perdu la foi véritable, plutôt que comme un ramassis d'esclaves. Ses intentions sont claires, et publiques. Et s'il s'oppose parfois aux instances politiques des villes de la région, il n'en reste pas moins le leader d'une opposition tout à fait légale. Après tout, Izrador a peut-être choisi le peuple des orques, et aboli l'existence des fées. Mais s'il accepte que la plupart de ses disciples et de ses seigneurs soient des humains, pourquoi renierait-il cette race ?

L'Ombre connait notre existence, même si pour des raisons évidentes de sécurité, nous taisons notre allégeance à mon maitre. Et notre organisation, à défaut d'être légale, est tolérée. Puisqu'au final, nous ne faisons rien de plus que ce que font les diverses milices à la solde des traitres et des scélérats qui gouvernent nos villes.

L'aveugle marque une pause, relève ses manches, puis s'approche de vous pour vous servir une nouvelle rasade de soupe. Après quoi il s'installe à table, à vos côtés.

Lame écoute en silence la conversation.
Il est attentif, observe l'aveugle et Atmos.
Il mange ce qu'on lui sert même si maintenant il mange plus lentement comme s'il faisait durer le repas pour prolonger le temps de la réflexion.

Lame écoute toujours en silence. Il mange sa soupe, laissant la chaleur envahir son corps meurtris.
Il s’apprête à avaler sa dernière cuillère quand il marque une pause dans son repas. Il repose la cuillère dans l’assiette et prend encore quelques instants de réflexion.

« Vous connaissez ma position sur l’ombre et sur le sort infligé à mes frères esclaves. Cependant, je ne suis pas non plus un utopiste. Je sais que le sort de mes frères ne se réglera pas avec de beaux discours.
J’ai déjà eu l’occasion d’observer à la dérobée des cérémonies entre légats. Certains tiennent des discours et des positions tel que vous le dîtes. Si comme vous le dîtes, votre maître tente de faire évoluer la condition de mes frères et même si cette évolution servira bien plus ses propres intérêts , je veux bien croire que mes frères y gagneront un peu quand même.
Je sais aussi que l’on ne peut survivre longtemps seul. Si je dois prêter allégeance à un maître, autant que cela me permette, un tant soit peu, de servir mes propres convictions.
Ce que vous me proposez me semble honnête, sûrement trop honnête d’ailleurs pour ne pas cacher quelques mensonges mais je saurais les accepter.
J’accepte votre proposition en espérant que vous ne trahirez pas vos dires. »

J’avale alors la dernière cuillère de soupe avant de repousser l’assiette vers le centre de l’assiette. Puis je m’adresse à Annia en souriant :

« De toute manière, avons nous vraiment le choix ?. »

[Il veut quoi le gnome puant ?? retourne dans ta montagne ]

Lame s'adresse à Annia :

"Je ne connais pas tes objectifs personnels. Sois sûr que l'aveugle se servira de nous, mais nous même, nous pourrons nous servir de lui pour atteindre nos buts.
Tu ne pourras pas survivre longtemps seule. Ne refuse pas l'aide quand elle t'es proposé, aussi suspecte qu'elle peut paraître.
Un peu, c'est toujours mieux que rien."

Puis je me replonge dans mon silence, pour laisser Annia prendre sa décision seule.

Le dénommé "Fortune" vous a longuement observé pendant votre conversation. Il laisse visiblement Lame tenter de convaincre la demoiselle qui lui fait face, et reste silencieux. Jusqu'à ce blanc, où il se permet de glisser :

"Laissez-moi vous servir un peu de vin ..."
Il se saisit alors d'une bouteille posée à terre, dans un seau, à l'un des pieds de la table. Après quoi, il coupe la bougie qui la scelle avec un couteau, et en remplie vos verres. Après avoir enlevé une petite poussière qui trainait au fond de son verre, il se sert à son tour, puis lève son verre, sans un mot, et boit une petite gorgée.
"Je vous en prie, continuez."

Annia regarde Lame un peu surprise puis reprend la conversation avec Fortune :


Tu ne m'as pas répondu Lame l'a fait mais pas toi.
C'est avec toi que je traite alors répond à mes questions.

Crois-tu vraiment pouvoir dresser l'Ombre à la manière d'un cheval sauvage ?

Combien de débordements et de meurtres sont comis en permanence si c'est pas pire ici ou même ailleurs ?

Annia reste placide devant les paroles de cet homme prêchant presque une messe dont il a trop bu les récitales.

Si tu le dis...Moi je vois plutôt que l'on vivait en paix avant l'arrivée de l'Ombre et avec des libertés...Bref si tu penses que c'est la meilleure des solutions je veux bien te croire (joue son jeu sans y croire une seule seconde) tu es mieux placé et éduquer que moi.

Détail le boulo et ce qu'on doit faire alors je vais pas passer ma vie dans ce trou sans lumière.

"L'arrivée de l'Ombre" .....
Oh, je crains que l'Ombre ne soit "arrivée" il y a bien siècles, et que seuls certaines fées puissent encore s'en rappeler.
Non, l'ombre est là depuis l'éclipse. Et Izrador est le seul maitre de nos pâles contrées. Et je suis certain que dans ses plans divins, il permettra aux humains de prendre une place dans ... le "grand échiquier", comme on dit.

Pour le travail que je vous propose, vous accomplirez des missions sous mon ordre direct. Vous travaillerez ensemble pour commencer, mais je compte vous trouver des hommes et femmes à former, afin de garnir vos rangs. Vous logerez dans notre petite enceinte, et nous mettrons à l'abri les personnes que vous jugez nécessaire de protéger.
Vous ne serez jamais en première ligne en cas d'affrontement. Mais je veux que vous soyez nos yeux, et nos oreilles. Je compte beaucoup sur vos informations.
Alors, vous acceptez de travailler pour nous ?

Il tend une main insistante en votre direction. Elle semble compter beaucoup pour lui ....

Je réponds par l'affirmative d'un signe de tête mais je ne bouge pas et je ne réponds pas à sa main tendu :

"J'accepte..... Mais pour les signes obstentatoires de confiance, permettez moi d'attendre des actes concrets pour me forger une opinion. "

Je sourris pleinement pour appuyer mes paroles.

Bien sûr que j'accepte ton offre et tout ce qu'elle offre !

Je lui sert la main et de mon autre main je lui tends l'assiette.

Merci pour ce début de repas...maintenant Fortune tu vas sûrement détailler la suite autour d'une table plus confortable non ?

Laissons donc à Atmos le soin de débarrasser vos assiettes. Si vous voulez bien me suivre ...

A ces mots, votre hôte se relève, et ramène sa chaise convenablement contre la table. Il fait un léger signe de la tête à l'homme aux cercles de force autour des bras, puis se recule vers la porte. Atmos s'approche alors de vous, et entasse l'assiette d'Annia avec la violence qui le caractérise. Puis tend sa main vers l'assiette de Lame, et lui lance avec mépris : " Et l'assiette, je peux te la reprendre, ou tu vas la planquer avant de me la rendre, elle aussi ? Pffff !
Puis il arrache presque l'assiette de soupe des mains de Lame.
Le regard échangé entre les deux hommes qui suit est des plus tendus. Lame adresse au grand gaillard un regard sombre et empli de haine, qui finit par faire fléchir la montagne de muscles. Atmos baisse le regard le premier, alors que Lame montre un couteau, qu'il était à deux doigts de planter dans la main de l'homme qui débarrasse. Puis nonchalamment, Lame laisse tomber le couvert par terre avec dédain, puis s'essuie les lèvres avec une serviette qui viendra rejoindre le couteau.

Vous laissez Atmos remplir un seau de tous vos détritus et couverts, pendant que vous suivez l'aveugle à la sortie de la pièce.
Vous longez alors le couloir, jusqu'à une lourde porte. L'aveugle y toque deux fois, puis une fois de plus. Un verrou glisse, et la porte s'ouvre sur un petit corridor, gardé par un homme de la même trempe que le dorn qui a débarrassé vos assiettes. En vous voyant, il ouvre une porte sur sa droite, et vous fait signe d'entrer. A l'intérieur, vous entendez les murmures d'une douzaine de personnes.
Vous pouvez y aller, vous dit Fotune. Je viendrai vous chercher d'ici quelques minutes. Ayez confiance en moi.

Pris entre deux feux, avec Atmos qui revient derrière vous, vous ne pouvez que suivre. Vous empruntez le petit corridor sombre, jusqu'à une pièce remplie de monde. Derrière vous, la porte se referme.
A côté de vous, une douzaine de personnes vous entourent. Ils discutent, en petits groupes, et leurs yeux vous dévisagent un instant avant que les conversations ne reprennent. Ces hommes et ces femmes sont de toutes tailles, et de toutes carrures. Mais ils ne semblent avoir aucune arme.
A votre instar, ils ont l'air un peu perdus, et se posent de nombreuses questions ....

Fin du Chapitre Six.